Burundi : pourquoi les étudiants passent de l’université au chômage

29 juin 2015

Burundi : pourquoi les étudiants passent de l’université au chômage

De l'Université au chômage
De l’Université au marché de travail

Déjà difficiles à financer, les études au sein des Universités au Burundi ouvrent de moins en moins les portes du marché du travail.

Fréquenter l’Université dans mon pays est devenu un casse-tête car le droit d’inscription (ou minerval) est cher. Il n’est pas plus élevé par rapport aux autres pays du monde, mais le revenu de la population est si minime que la plupart des parents ne sont pas à mesure de le payer à leurs enfants. Pire encore, la quasi-totalité des universités sont concentrées dans la capitale Bujumbura où celui qui veut fréquenter l’université doit aller y habiter avec les coûts énormes de loyer en plus des frais académiques qu’il doit supporter.

Environ 90 % de la population vit de l’agriculture, et l’exiguïté des terres justifient ce revenu bas car les terrains à exploiter ne suffisent pas, leur exploitation est artisanale, la récolte est utilisée pour satisfaire les besoins alimentaires de la famille car la plupart des gens ne cultivent pas les produits industriels pouvant leur procurer des revenus considérables.

Seuls les étudiants (en petit nombre) qui réussissent l’Examen d’Etat bénéficient d’une bourse, et donc d’un logement et de quelques frais leur permettant de vivre et de fréquenter l’Université dans des conditions plus ou moins bonnes.

Quand les étudiants eux-mêmes financent leurs études

La plupart des étudiants – que ce soient ceux des universités privées ou publiques – financent leurs études. Actuellement, il y a prolifération des sociétés de gardiennage qui assurent la sécurité des différentes entreprises et institutions, et ces dernières embauchent des étudiants pouvant assurer la sécurité de leurs clients. Ils sont les plus privilégiés car ils peuvent communiquer aisément avec leurs clients dont la plupart sont des étrangers. Dans ce cas, les étudiants se paient le minerval ainsi que le loyer dans la capitale loin de leurs familles ou subviennent à leurs besoins. Certains font cette activité de gardiennage la journée et se présentent à l’Université le soir tandis que les autres étudient le jour et font la garde la nuit. Chacun fait ce que bon lui semble. La révision de leurs cours se fait à leurs lieux de travail et parfois les conditions ne sont pas combinées pour qu’elle soit fructueuse.

Les bistrots et les hôtels embauchent aussi ces étudiants. Leurs programmes de travail sont discutés avec leurs chefs pour qu’ils puissent s’adapter et aux études et à leur travail. Ils sont bien appréciés puisqu’ils sont instruits et travaillent d’arrache-pied pour financer leurs études.

Notons enfin qu’il y a des clubs qui font des services des cérémonies comme le mariage, les levées de deuil, etc. qui embauchent ces étudiants et les rémunèrent quotidiennement. Bon nombre des étudiants terminent leurs études dans cette situation, et la qualité de leur parcours académique en pâtit.

Les gens se montrent mécontents du fait ce genre de boulot qui rémunèrent moins soient réservés aux étudiants. Socrate contredit cette affirmation en disant qu’« il n’y a point de travail honteux ». Or, les étudiants mettent en avant ce que le salaire issu de ce travail va leur apporter.

A peine leurs études terminées, bonjour le chômage

Les étudiants qui parviennent au terme de leur cursus universitaire après un parcours du combattant sont accueillis à bras ouverts par le chômage. Il n’y a pas de création d’emplois dans le pays pour pouvoir les embaucher. Le taux de chômage est si élevé que si on obtient un emploi on devient une star, donc célèbre. Les gens s’interrogent sur la manière dont vous êtes parvenu à décrocher un emploi qui a échappé à tout le monde. La chance appartient à quelqu’un. Suite à cette situation, la jeunesse sombre dans le désespoir car ils sont laissés à eux-mêmes par ceux qui sont chargés de les aider à s’auto-développer.

On dit que le gouvernement ne donne plus d’emploi, mais qu’il faut le créer pour soi afin d’être patron de soi-même et des autres. Mais, aucune action pour soutenir les jeunes entrepreneurs n’est là. Les étudiants qui finissent leur études sans moyens se voient critiquer parce qu’ils ne créent pas des entreprises… alors qu’ils n’ont pas été formés pour !

Le taux de chômage reste élevé dans la catégorie des jeunes qui terminent leurs études sans oublier ceux qui terminent les Humanités générales qui n’ont pas eu de moyens de faire l’enseignement supérieur.

Le chômage, source des conduites anormales

Un proverbe français dit que « l’oisiveté est la mère de tous les vices ». Dès que les jeunes terminent études, ceux qui ne trouvent pas d’emploi et qui ne peuvent pas retourner aux champs pour cultiver comme le font leurs parents, s’adonnent à des conduites qui ne sont pas acceptées par la société. Les garçons tombent dans l’alcool, les drogues de toutes sortes pour échapper à la situation dans laquelle ils sont contraints à vivre. On constate que le banditisme ou l’escroquerie gagnent du terrain suite aux effets de la guerre et de chômage

Pour les filles, le chômage les entraîne dans la prostitution, occasionnelle ou pas, et on constate que le nombre des travailleuses de sexe a augmenté dans le pays, sans oublier les conséquences néfastes que ce métier peut leur causer.

Certaines jeunes filles n’ont pas honte de se « balader » avec les papas des générations de leurs pères suite à l’argent qu’ils leur donnent ou les objets chers qu’ils leur achètent. Pour certains garçons, ils couchent avec les femmes de génération de leurs mères, veuves ou insatisfaites dans les relations sexuelles pour avoir de l’argent.

Autant de problèmes qui seraient réglés par création d’emplois, histoire d’occuper ces étudiants avides de rentrer sur le marché du travail.

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Commentaires

steven chihusi
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vraiment au burundi c'est trop dûr, c'est tellement difficile d'etudier en même temps chercher la vie car on ne chasse pas deux lièvres à la fois